Quelle politique numérique pour le Sénégal ?

Vendredi 25 Janvier 2019

L’économie numérique sera un levier incontournable pour le développement du Sénégal

Le Sénégal s’est doté d’un budget de 4 000 milliards de F CFA lors du vote du budget le 08 décembre 2018. Ce budget traduit une volonté d’investissement fort de l’Etat du Sénégal mais aussi correspond à une bonne santé économique de notre pays.


Ousmane BOB Ingénieur informaticien,  Directeur de projet  en  urbanisation des systèmes d’information Centre d’affaire la Défense - Paris
Ousmane BOB Ingénieur informaticien, Directeur de projet en urbanisation des systèmes d’information Centre d’affaire la Défense - Paris
L’ambition du Sénégal est de connaitre des croissances à deux chiffres et pour cela l’économie numérique reste l’un des secteurs d’avenir que le Sénégal doit étudier et investir.
Avant de parler des axes de changement qu’il faut travailler, il est nécessaire d’ajuster la structure qui doit piloter cette politique du numérique. Ainsi, je conseillerai de mettre en place un ministère de l’économie numérique qui aura la responsabilité de mener les politiques publiques sur les domaines ci-dessous :
  • Politique de régulation des télécommunications
  • Politique de développement des nouvelles technologiques et de l’information
  • Politique de modernisation de la Poste avec la digitalisation des services et une redéfinition des métiers de la poste.
  • Politique de régulation des médias, de l’audiovisuel et de la presse
Ces 4 grands domaines couvrent 90% de l’économie numérique et doivent impulser de véritables politiques publiques dans leurs domaines respectifs.
 
Dans le domaine des télécommunications, l’objectif principal est la couverture de l’ensemble du territoire national. La politique des télécommunications doit développer une industrie des télécommunications concurrentielle et novatrice qui répond aux besoins des entreprises et des consommateurs sénégalais. Il s’agira de mettre en place une politique de banalisation du marché des licences et de mettre la priorité à la soumission des sociétés nationales. Il faudra mettre en place une politique d’évolution de la part du national par rapport aux sociétés étrangères pour arriver à 60% de part de marché pour l’économie nationale. La stratégie de démonopolisation doit se faire de manière méthodique et doit être accompagnée d’une législation de décloisonnement du marché des télécommunications.
 
Dans le domaine des technologies de l’information et de communication, la priorité sera de propulser un marché de service qui favorisera  la naissance d’un nouveau marché émergeant. Les réformes que l’Etat devra lancer pour moderniser les systèmes d’information de l’administration de l’Etat devront ouvrir la voie vers la naissance de milliers de  sociétés informatiques.

L’autre priorité sera de réguler l’environnement numérique et de réduire la fracture digitale en utilisant l’Agence de l’informatique du Sénégal (ADIE) comme maitrise d’œuvre de la régulation et de l’expansion du marché informatique national. Il faudra favoriser la mise en place d’une convention collective des métiers de l’informatique pour réguler et protéger le secteur du numérique.
 
Le Sénégal doit se positionner en tant que hub numérique de l’Afrique et attirer les plus grandes sociétés informatiques. Pour cela, il faudra accentuer le développement des sociétés de conception de logiciels informatiques et surtout l’hébergement des données informatiques doit être considéré comme du patrimoine national. Il s’agit pour l’Etat de se doter des centres de données modernes et sécurisés. Pour cela, l’Etat du Sénégal doit favoriser la mise en place de grandes écoles d’ingénieurs publiques  en informatique et en télécommunication.  Des partenariats avec les écoles d’ingénieurs françaises ou américaines comme Central Paris, Télécom Paris ou MIT seront des atouts à explorer.

Le Sénégal doit aussi se lancer sur l’appropriation des domaines informatiques  et cela pour chaque région du Sénégal (.dkr pour Dakar, .zik pour Ziguinchor, etc.). Il s’agira d’un nouveau marché ouvert aux sociétés sénégalaises pour vendre et proposer des services dans la gestion des domaines web.

Dans le domaine des  Postes, l’urgence est de moderniser ce secteur, de le structurer pour le rendre compétitif et assurer un service public de qualité. Ce secteur nécessite un plan stratégique de la Poste sur  10 ans pour transformer en profondeur le modèle économique de la Poste. La poste doit développer et moderniser les domaines d’activités stratégiques :
  • Activité bancaire
  • Activité postale
  • Acteur e-commerce
  • Acteur en logistique
  • Un intégrateur de service
 
Au regard du climat social de la poste et de sa situation économique déficitaire, il sera important de procéder à une conduite de changement inclusive et soutenue par les salariés.
 
Dans le domaine de l’audiovisuel et de la presse, le rôle de l’Etat est de garantir un système de régulation dans la promotion et la couverture de l’audiovisuel et de la presse.  Dans ce sens, la maison de la presse doit être l’expression du code de la presse dans lequel acteurs privés de la presse et l’Etat doivent construire un modèle inclusive et participative.
 
En résumé, il est nécessaire d’avoir une structure agile et performante pour que les politiques numériques puissent créer de la valeur et développer un marché du numérique fort, avec une croissance structurelle. L’axe stratégique de ce secteur demeure la régulation.  Ce qui implique que l’Etat doit se doter de ressources humaines de qualité capables de conduire l’expertise nécessaire pour assurer la réussite de la transformation numérique de l’économie du Sénégal. Le digital doit être le moteur de la croissance future et  devra permettre au Sénégal d’atteindre une croissance à deux chiffres.
 
Ousmane BOB
Ingénieur informaticien
Directeur de projet  en  urbanisation des systèmes d’information
Centre d’affaire la Défense - Paris
 
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