Perspectives économiques : L’Afrique subsaharienne est « sur la corde raide » (Fmi)

Lundi 17 Octobre 2022

La reprise économique en Afrique subsaharienne a connu un coup d’arrêt brutal. C’est le fait constaté par le Fonds monétaire international (Fmi) dans son dernier rapport intitulé « Perspectives économiques régionales : Afrique subsaharienne sur la corde raide ».


Le Fmi fait savoir dans le document que ’an dernier, l’activité a rebondi en Afrique subsaharienne, ce qui a porté la croissance du Produit intérieur brut (Pib) en 2021 à 4,7 %. Malheureusement, souligne l’institution, cette année, la croissance devrait ralentir de plus de 1 point de pourcentage, à 3,6 %, car un ralentissement international et une hausse spectaculaire de l’inflation mondiale se propagent dans cette région déjà éprouvée par une série ininterrompue de chocs.

Le renchérissement des produits alimentaires et de l’énergie pénalise les populations les plus vulnérables de la région, et les déséquilibres macroéconomiques s’approchent de niveaux inédits depuis des décennies, constate le Fmi.

Selon le document, le renchérissement des produits alimentaires et de l’énergie pénalise les populations les plus vulnérables de la région, tandis que la dette publique et l’inflation se situent à des niveaux inédits depuis des décennies. Dans ce contexte, et devant le peu d’options qui s’offrent à eux, le Fmi confie que de nombreux pays sont poussés sur la corde raide.

Pour faire face à cette situation, le Fmi souligne que l’Afrique subsaharienne doit répondre à quatre grandes priorités pour les politiques publiques. D’abord, elle doit « remédier à l’insécurité alimentaire ». A ce titre, le rapport révèle que la région compte 123 millions de personnes en situation de grave insécurité alimentaire. Par conséquent, la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie met des vies en danger. Alors que ce problème est une priorité manifeste, la capacité des pays à étoffer rapidement les dispositifs de protection sociale est bien souvent limitée, selon le Fmi.

Ensuite, l’Afrique subsaharienne doit, d’après le Fonds, « piloter la réorientation des politiques monétaires ». Face à la montée de l’inflation et à la hausse des taux d’intérêt à l’échelle mondiale, les autorités d’Afrique subsaharienne ont pour la plupart commencé à durcir leur politique monétaire, constate le rapport. Qui ajoute, cependant, que dans le contexte de la consolidation budgétaire et d’une reprise économique fragile, elles doivent trouver le juste équilibre. En ce sens, il soutient qu’elles doivent relever leurs taux directeurs de manière progressive et prudente, en surveillant de près les anticipations d’inflation et le stock de réserves de change.

La troisième priorité pour l’Afrique subsaharienne est de « consolider les finances publiques sur fond de durcissement des conditions financières ». Dans ce sens, le rapport confie que la dette de la région s’approche de niveaux observés pour la dernière fois au début des années 2000, avant que l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés n’ait produit ses effets.

Pour renforcer la résilience et absorber le coût de la hausse des charges d’intérêts, « les autorités doivent poursuivre la consolidation budgétaire ». En outre, le Fmi déclare que des cadres budgétaires à moyen terme crédibles, y compris pour la gestion efficace de la dette, devraient permettre de diminuer la prime de risque et réduire les coûts d’emprunt. Pour certains pays, renchérit le document, un report des échéances ou une restructuration de la dette pourrait s’avérer nécessaire, ce qui requiert de mieux mettre en œuvre le cadre commun du G20.

Enfin, la quatrième priorité pour l’Afrique subsaharienne est de « créer les conditions d’une croissance durable et plus verte ». A l’en croire, une croissance de qualité est depuis toujours une priorité pour la région, mais le contexte des réformes a énormément changé du fait du changement climatique. Le Fmi rappelle ainsi qu’ « investir dans des infrastructures résilientes et vertes est devenu de plus en plus important ». Aussi, le rapport renseigne que des financements privés innovants et des réformes du secteur de l’énergie seront indispensables pour exploiter les abondantes sources d’énergie renouvelable de la région, voire pour dépasser les modèles de croissance reposant sur des combustibles fossiles.
Bassirou MBAYE
 
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