
Malgré un chiffre d’affaires global qui est passé de 272 milliards de francs Cfa en 2023 à 291 milliards en 2024, soit une progression de 7%, le marché sénégalais des assurances est à la croisée des chemins. Dans un contexte de risques exacerbés, la branche vie de l’assurance réunit l’écosystème assurantiel autour d’une réflexion inclusive sur les mécanismes de sa promotion en tant que levier de souveraineté économique. La première édition du Salon de l’Assurance Vie qui s’est ouvert ce jeudi 8 mai 2025 à Dakar, est un évènement fédérateur que les acteurs, en premier la Fédération sénégalaise des sociétés d’Assurances (FSSA), veulent inclusif, en suscitant la réflexion autour des mécanismes de promotion de l’assurance Vie. Celle-ci, aux yeux des acteurs, est « Au cœur de la souveraineté économique et sociale : un levier de transformation pour une Afrique », conformément au thème principal du Salon.
Mais le rôle que peut jouer l’assurance vie dans le développement économique « dépendra également des actions prises par les autorités de tutelle à savoir la Conférence interafricaine des marchés d'assurance (Cima), la direction des assurances) pour mettre à niveau le secteur, le renforcer et le dynamiser », selon Madame Oumou Niang Touré, présidente de la FSSA, qui s’exprimait ainsi à l’ouverture de la cérémonie. Madame Oumou Niang Touré estime en outre que « Dans un contexte où de solides structures existent, l’assurance Vie peut être un vecteur efficace pour le développement et si les risques sont gérés plus efficacement et l’épargne domestique mobilisée, les assurances vie peuvent avoir des effets positifs sur la croissance économique. »
Elle a cependant souligné l’accès limité aux produits assurantiels qui constitue un frein à la production aussi bien pour les ménages que pour les entreprises, avec des conséquences directes sur la capacité des pays africains à faire face aux crises économiques et sociales.
A l’en croire, les acteurs économiques, y compris l’Etat, ont une responsabilité collective pour renforcer et faciliter l’accès aux produits d’assurance Vie, instaurer une régulation plus adaptée, adopter un dispositif fiscal attractif et encourager aussi les synergies entre les institutions, renforcer le secteur en rendant obligatoire la domiciliation de l’Indemnité de fin de carrière (Ifc) dans les compagnies d’assurance vie et augmenter le nombre d’assurances obligatoires. A ce titre, « une défiscalisation des produits d’assurance vie pourrait accroître l’épargne des assurés et favoriser l’investissement local », a indiqué la présidente de la FSSA.
Pour atteindre les objectifs escomptés, la promotion des actions d’éducation financière ; la sensibilisation des populations sur l’importance de l’assurance vie à travers des campagnes ciblées ; sont susceptibles d’améliorer les perceptions et encourager l’adoption massive des solutions assurantielles.
L’innovation et la digitalisation sont aussi des solutions à saisir car, selon Mme Touré, elles constituent des leviers essentiels pour surmonter les obstacles et favoriser l’accès à des mécanismes de protection financière à grande échelle. De même, elle estime que la bancassurance doit être encouragée et invoque l’exemple marocain qu’elle juge « pertinent », arguant que « Le développement récent du marché marocain est en partie dû aux performances de la bancassurance qui a pu toucher de nouvelles niches avec des primes importantes », déclare-t-elle.
Les chiffres de l’assurance au Sénégal
La présidente de la FSSA a rappelé que le chiffre d’affaires réalisé par les compagnies d’assurances au Sénégal, en 2024, s’élève à 291 milliards de francs Cfa contre 272 milliards de francs Cfa en 2023, soit une progression de 7%. Elle a aussi souligné que les prestations payées s’élèvent à 133 milliards en 2024 contre 119 milliards en 2023, soit une hausse de 11%. Ces charges ne tiennent pas compte des frais de gestion et de commissions que supportent les assureurs.
Dans le même sillage, les placements des compagnies d’assurances se chiffrent à 599,17 milliards de F CFA à fin décembre 2023 contre 509,51 milliards de FCFA à la même période de l’année précédente soit, un taux de progression de 17,60%.
Cette hausse est imputable, en partie, aux titres d’Etats et assimilés, aux actions et obligations autres que celles prévues à l’article 335-1 1°) du code CIMA et aux dépôts en banque, qui ont respectivement des taux de progression de 39%,8% et 15% sur la même période, représentant une augmentation globale de 90 milliards de FCFA, en valeur absolue. Ces placements sont dominés par les dépôts bancaires, les valeurs mobilières, les titres de participation et dépôts ainsi que les immeubles avec des parts respectives de 42%, 28%, 13% et 8%.
Au Sénégal la contribution de l’assurance au PIB est restée stationnaire à 1,45% dont 0.53% pour l’assurance Vie. La prime moyenne par habitant qui donne une idée sur la culture de l’assurance s’est établie à 15 467 F CFA en 2024 contre 14 885 F CFA en 2023 soit une augmentation de 4%.
Par rapport à l’emploi, le secteur joue également un rôle important avec plus de 3 237 emplois, selon Mme Touré. Pour elle, ce chiffre ne prend pas en compte les emplois indirects, comme les métiers de l’expertise et les garagistes. « Il ne prend pas en compte non plus les effectifs n’exerçant pas leur activité directement dans une société d’assurance, mais dans d’autres structures décentralisées », a-t-elle précisé.
L’Afrique, un continent « nain » dans le domaine de l’assurance
Bien qu’il soit un géant démographique, Oumou Niang Touré a relevé que le « continent » africain « reste un nain dans le domaine de l’assurance, avec une part de moins de 1% dans les primes émises à l’échelle mondiale et une prime moyenne par habitant de 46 dollars seulement ».
L’Afrique du Sud, le Maroc, l’Egypte et le Kenya concentrent près de 85% du total des primes d’assurance émises dans un contexte où les marchés restent très disparates en termes de taille et de croissance, selon le rapport annuel de l'Organisation des assurances africaines (Oaa) publié le 22 octobre 2024.
« Le taux de pénétration de l’assurance reste encore faible en Afrique. En moyenne, ce taux se situe autour de 3% avec un certain nombre de disparités entre pays », a dit Oumou Niang Touré. Selon elle, l’offre des produits d’assurance apparaît souvent inadéquate par rapport aux réalités des populations locales et l’évaluation des risques insuffisamment précise.
De même, a-t-elle ajouté, les dispositifs « pêchent » par une inadaptation des réglementations, des réseaux de distribution, des produits et des procédures de règlement des sinistres. Outre l’insuffisance du pouvoir d’achat des populations locales et leur faible culture de l’assurance, les principaux facteurs faisant obstacle au développement de l’assurance vie dans le continent africain ont pour noms la fiscalité sur certains produits d’assurance, l’insuffisance des structures de formation, le faible niveau de développement de la bancassurance, les produits peu adaptés aux contextes locaux et « une tarification non maîtrisée avec la concurrence sauvage que se livrent les acteurs ».
Bassirou MBAYE
Mais le rôle que peut jouer l’assurance vie dans le développement économique « dépendra également des actions prises par les autorités de tutelle à savoir la Conférence interafricaine des marchés d'assurance (Cima), la direction des assurances) pour mettre à niveau le secteur, le renforcer et le dynamiser », selon Madame Oumou Niang Touré, présidente de la FSSA, qui s’exprimait ainsi à l’ouverture de la cérémonie. Madame Oumou Niang Touré estime en outre que « Dans un contexte où de solides structures existent, l’assurance Vie peut être un vecteur efficace pour le développement et si les risques sont gérés plus efficacement et l’épargne domestique mobilisée, les assurances vie peuvent avoir des effets positifs sur la croissance économique. »
Elle a cependant souligné l’accès limité aux produits assurantiels qui constitue un frein à la production aussi bien pour les ménages que pour les entreprises, avec des conséquences directes sur la capacité des pays africains à faire face aux crises économiques et sociales.
A l’en croire, les acteurs économiques, y compris l’Etat, ont une responsabilité collective pour renforcer et faciliter l’accès aux produits d’assurance Vie, instaurer une régulation plus adaptée, adopter un dispositif fiscal attractif et encourager aussi les synergies entre les institutions, renforcer le secteur en rendant obligatoire la domiciliation de l’Indemnité de fin de carrière (Ifc) dans les compagnies d’assurance vie et augmenter le nombre d’assurances obligatoires. A ce titre, « une défiscalisation des produits d’assurance vie pourrait accroître l’épargne des assurés et favoriser l’investissement local », a indiqué la présidente de la FSSA.
Pour atteindre les objectifs escomptés, la promotion des actions d’éducation financière ; la sensibilisation des populations sur l’importance de l’assurance vie à travers des campagnes ciblées ; sont susceptibles d’améliorer les perceptions et encourager l’adoption massive des solutions assurantielles.
L’innovation et la digitalisation sont aussi des solutions à saisir car, selon Mme Touré, elles constituent des leviers essentiels pour surmonter les obstacles et favoriser l’accès à des mécanismes de protection financière à grande échelle. De même, elle estime que la bancassurance doit être encouragée et invoque l’exemple marocain qu’elle juge « pertinent », arguant que « Le développement récent du marché marocain est en partie dû aux performances de la bancassurance qui a pu toucher de nouvelles niches avec des primes importantes », déclare-t-elle.
Les chiffres de l’assurance au Sénégal
La présidente de la FSSA a rappelé que le chiffre d’affaires réalisé par les compagnies d’assurances au Sénégal, en 2024, s’élève à 291 milliards de francs Cfa contre 272 milliards de francs Cfa en 2023, soit une progression de 7%. Elle a aussi souligné que les prestations payées s’élèvent à 133 milliards en 2024 contre 119 milliards en 2023, soit une hausse de 11%. Ces charges ne tiennent pas compte des frais de gestion et de commissions que supportent les assureurs.
Dans le même sillage, les placements des compagnies d’assurances se chiffrent à 599,17 milliards de F CFA à fin décembre 2023 contre 509,51 milliards de FCFA à la même période de l’année précédente soit, un taux de progression de 17,60%.
Cette hausse est imputable, en partie, aux titres d’Etats et assimilés, aux actions et obligations autres que celles prévues à l’article 335-1 1°) du code CIMA et aux dépôts en banque, qui ont respectivement des taux de progression de 39%,8% et 15% sur la même période, représentant une augmentation globale de 90 milliards de FCFA, en valeur absolue. Ces placements sont dominés par les dépôts bancaires, les valeurs mobilières, les titres de participation et dépôts ainsi que les immeubles avec des parts respectives de 42%, 28%, 13% et 8%.
Au Sénégal la contribution de l’assurance au PIB est restée stationnaire à 1,45% dont 0.53% pour l’assurance Vie. La prime moyenne par habitant qui donne une idée sur la culture de l’assurance s’est établie à 15 467 F CFA en 2024 contre 14 885 F CFA en 2023 soit une augmentation de 4%.
Par rapport à l’emploi, le secteur joue également un rôle important avec plus de 3 237 emplois, selon Mme Touré. Pour elle, ce chiffre ne prend pas en compte les emplois indirects, comme les métiers de l’expertise et les garagistes. « Il ne prend pas en compte non plus les effectifs n’exerçant pas leur activité directement dans une société d’assurance, mais dans d’autres structures décentralisées », a-t-elle précisé.
L’Afrique, un continent « nain » dans le domaine de l’assurance
Bien qu’il soit un géant démographique, Oumou Niang Touré a relevé que le « continent » africain « reste un nain dans le domaine de l’assurance, avec une part de moins de 1% dans les primes émises à l’échelle mondiale et une prime moyenne par habitant de 46 dollars seulement ».
L’Afrique du Sud, le Maroc, l’Egypte et le Kenya concentrent près de 85% du total des primes d’assurance émises dans un contexte où les marchés restent très disparates en termes de taille et de croissance, selon le rapport annuel de l'Organisation des assurances africaines (Oaa) publié le 22 octobre 2024.
« Le taux de pénétration de l’assurance reste encore faible en Afrique. En moyenne, ce taux se situe autour de 3% avec un certain nombre de disparités entre pays », a dit Oumou Niang Touré. Selon elle, l’offre des produits d’assurance apparaît souvent inadéquate par rapport aux réalités des populations locales et l’évaluation des risques insuffisamment précise.
De même, a-t-elle ajouté, les dispositifs « pêchent » par une inadaptation des réglementations, des réseaux de distribution, des produits et des procédures de règlement des sinistres. Outre l’insuffisance du pouvoir d’achat des populations locales et leur faible culture de l’assurance, les principaux facteurs faisant obstacle au développement de l’assurance vie dans le continent africain ont pour noms la fiscalité sur certains produits d’assurance, l’insuffisance des structures de formation, le faible niveau de développement de la bancassurance, les produits peu adaptés aux contextes locaux et « une tarification non maîtrisée avec la concurrence sauvage que se livrent les acteurs ».
Bassirou MBAYE