Marché financier sous -régional :Hausse des taux d’intérêts

Mardi 2 Mai 2017

Depuis le début de l’année 2017, la liquidité et les conditions financières observées sur le marché financier se sont considérablement dégradées. Il a été constaté que les bons du Trésor ont été couverts à 105% soit une baisse de 40 points de pourcentage par rapport à 2016, alors que les taux d’intérêts s’affichent sur cet instrument à 5,5% voir 6%, soit une hausse de plus de 90 points de base. Concernant les obligations du Trésor, les taux de couverture atteignent à peine 39% et sont cotés à 6,86%, soit une hausse de 86 points de base. LEJECOS, dans sa publication électronique datée du 14 février passé, alertait déjà sur la détérioration de l’environnement économique et avait identifié certaines causes.


Cette situation de dégradation du marché pousse les Etats à couvrir leur besoin de financement en faisant recours presque uniquement aux bons du trésor. Et tous les analystes s’accordent à dire  que la situation du marché actuelle s’expliquerait essentiellement par les mesures de politique monétaire prises par la BCEAO. En effet, la réunion  Comité de politique monétaire (CPM)  du 6 décembre 2016,  a pris des décisions visant à préserver la stabilité monétaire de l’Union et améliorer le fonctionnement du marché interbancaire. La décision N°4   stipule que «le taux d’intérêt minimum de soumission aux opérations d’open market est fixé à 2.5% et le taux d’intérêt du guichet de prêt marginal à 4,5%» et entre en vigueur à compter du 16 décembre 2017. Tandis que la décision N°5 dans son article premier stipule que : «l’encours des refinancements cumulés accordés à une contrepartie sur le guichet de prêt marginal et le guichet spécial de refinancement de la BCEAO est fixé à deux fois maximum les fonds propres de base de la partie concernée » et en son article 2 que : «A titre transitoire, les établissements de crédits qui ne sont pas en conformité avec le plafonds fixé à l’article premier , disposent d’une période échéant le 30 juin 2017 pour s’y conformer». Ainsi, la banque centrale venait de rendre les conditions d’accès au refinancement plus difficile. Cette remontée de taux a été répercutée sur les titres publics.
Qu’est qui a poussé l’institut d’émission à prendre de telles mesures ?  Conséquence, ces mesures surprises, non préparées et non anticipées par les marchés ont poussé les banques qui détiennent plus de 85% des titres publics à « sur-réagir »  et les Etats à adresser une partie de leur besoin de financement à des banques locales et internationales pour des emprunts directs et au marché international (la Côte d’Ivoire a déjà annoncé son eurobond de Un milliards de dollars  et le Sénégal  lance son eurobond à partir de ce mois de mai). A titre d’illustration, les montants mobilisés par les Etats, par adjudication, sont arrêtés à 654 milliards F CFA au premier trimestre 2017 contre 870 milliards un an plus tôt, soit un repli de 33%.
Face à  des besoins de financement énormes et avec un marché qui peinent à combler leur besoin de financement sur le marché local, les Etats haussent la voix.  Cette « rébellion »  des Etats pousse la BCEAO a corrigé en libérant de la liquidité pour les banques tout en maintenant ses taux directeurs inchangés .Ainsi, le CPM tenu le 1er mars 2017 a décidé, en vue d’accompagner la mise en œuvre des mesures visant un meilleur fonctionnement du marché interbancaire, de baisser de 200 points de base le coefficient de réserves obligatoires applicables aux banques de l’Union pour le ramener de 5,0%, niveau en vigueur depuis le 16 mars 2012, à 3,0%. Cette décision prend effet à compter du 16 mars 2017. Cette mesure a immédiatement amélioré la couverture des titres publics qui ressort environ à 140% contre près de 95% sur les deux premiers mois de l’année.  Cependant, elle n’a pas permis d’améliorer le coût du crédit, au contraire le taux moyen pondéré des bons du Trésor s’est renchéri de 40 points de bases. La BCEAO doit-elle aller beaucoup plus loin dans ses mesures de correction ?

Les injections liquidités de la BCEAO révèlent également que la demande de liquidité est toujours forte et inférieur à l’offre. Autre révélation, les banques sont aujourd’hui prêtes à acheter plus cher la liquidité. Pour preuve, l’injection de liquidité du 28 mars 2017 a connu un taux moyen pondéré de 4.5% contre 3.3651 % un an plus tôt.
Adou FAYE
Actu-Economie


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