Etude : Evaluation de la Contribution Economique des Equidés de Trait au Sénégal

Mardi 5 Juin 2018

Au Sénégal, les équidés sont estimés à 544 000 chevaux et 462 000 ânes repartis essentiellement dans les parties centrale et septentrionale du pays. Le bassin arachidier concentre l'essentiel de la population équine alors que les ânes sont essentiellement présents dans les régions de Saint Louis et de Louga. Cependant, on note de plus en plus
une descente des équidés en particulier des ânes dans les zones méridionales du pays en particulier dans les régions de Sédhiou et Kolda.


Etude : Evaluation de la Contribution Economique des Equidés de Trait au Sénégal
Les équidés ont un rôle économique et social très important à travers la force de traction qu'ils pourvoient pour différentes activités économiques et sociales. Cette dernière n’est pas évaluée à sa juste valeur d’où leur manque  de considération dans les politiques et stratégies sectorielles de développement de l'élevage, de l'agriculture et des transports. L'absence de preuves irréfutables sur la contribution des équidés de trait dans les économies rurales et urbaines contribue à cet état de fait et tend à renforcer cette faible prise en compte dans les politiques de développement.

L'évaluation de la contribution des équidés de trait dans différents secteurs d'activité de l'économie nationale et dans les moyens d'existence et les conditions de vie des populations rurales en particulier, permettra d'avoir un argumentaire pour une meilleure considération des équidés dans les politiques de développement.

Cette étude a été entreprise dans ce contexte en vue de documenter les différentes  formes de contribution des équidés de trait dans les secteurs de l'agriculture et du transport afin d’évaluer de façon plus précise leur apport dans l'économie des ménages. De ce fait, elle s'ancre sur le troisième objectif stratégique de Brooke dont le but est de changer les perceptions sur l'importance économique et sociale des équidés pour les populations qui utilisent leurs services à travers un programme de plaidoyer basé sur des données factuelles.

De façon générale, cette étude visait à évaluer l'importance économique et sociale des équidés de trait dans les conditions de vie des ménages ruraux et urbains sur la base d’arguments scientifiques à travers  les contribution monétaire et non monétaire de l’exploitation des équidés de trait dans les conditions de vie des ménages ruraux et urbains.

Plus spécifiquement, les résultats visés ont été déclinés comme suit : que les revenus monétaires générés par l'utilisation des équidés de trait en milieu urbain soient évalués, que l'importance économique de la possession d'équidés de trait pour les petits producteurs dans le bassin arachidier évaluée et que les rôles que jouent les équidés de trait dans les stratégies pastorales soient analysés en milieu pastoral.

L'étude visait à mettre en exergue les bases scientifiques à travers lesquelles la contribution monétaire et non monétaire de l’utilisation des équidés de trait dans la vie  économique et sociale des équidés de trait dans les contextes urbain et rural (bassin arachidier et zone sylvo-pastorale) mieux évaluée.

Pour le milieu urbain, six localités (Guédiawaye, Pikine, Rufisque, Thiès, Louga et Touba) avaient été choisies pour mener des enquêtes auprès de 30 conducteurs de véhicules hippomobiles dans chacune pour évaluer les revenus journaliers générés. Un exercice d’extrapolation était également effectué pour estimer le nombre de personnes et le volume de marchandises transportées par jour dans les différentes villes.

Dans le bassin arachidier, deux zones avaient été considérées : le département de Bambey avec deux communes rurales (Ndangalma et Dinguiraye) et le département de Koumpentoum avec également deux communes (Koumpentoum et Paoss Koto). Les enquêtes conduites sur un total de 201 ménages ont permis d’évaluer la contribution de la force de traction des équidés dans les productions agricoles et en termes de services de transport rémunéré et non rémunéré.

En milieu pastoral, des focus groups avaient été organisés pour apprécier les rôles et les utilisations des équidés et en particulier des ânes dans les stratégies pastorales de transhumance et d’approvisionnement en eau des campements pour les besoins des humains et des petits ruminants. Les conditions d’entretien des ânes et leur bien-être .
L’exploitation de véhicules hippomobiles (calèches, charrettes équines, charrettes asines) présente des différences en fonction des villes. Les calèches pour le transport de personnes sont surtout utilisées dans des villes comme Rufisque, Thiès et Louga. Les charrettes asines sont surtout présentes dans l’agglomération de Touba pour le transport de personnes. Les charrettes équines quant à elles, sont recensées dans toutes les villes et principalement affectées au transport de marchandises à Guédiawaye, Pikine, Rufisque et Thiès. Leur utilisation pour le transport de personnes est surtout effectuée à Louga et à Touba.

L’estimation du volume de marchandises transportées par les charrettes équines donne pour une ville comme Pikine, un tonnage de 1700 T par jour soit l’équivalent de 850 courses de camionnettes chargées de 2 tonnes de marchandises dans une journée. Le nombre de personnes transportées par jour est estimé par exemple à Touba à 225 000 et à Thiès à 9700.

Les revenus journaliers moyens tirés de l’exploitation de véhicule hippomobile sont de 2938 F pour les calèches, 7031 F pour les charrettes équines et 1938 F pour les charrettes asines et varient en fonction du type de véhicule et de la localité avec les plus élevés réalisés à Pikine par les charrettes équines (7800 F) et les plus faibles, à Touba par es charrettes asines (1400 F).Les revenus sont en général équivalents ou supérieurs au SMIG des travailleurs manuels.

Globalement, les conducteurs enquêtés tirent entre 72 et 88 % de leurs revenus totaux de l’exploitation du véhicule hippomobile. Ces revenus sont en priorité destinés à l’achat de nourriture et ensuite servent à assurer la couverture des dépenses de santé et de scolarité des enfants.

L’exploitation de véhicules hippomobiles en milieu urbain constitue non seulement une source d’emploi et de revenus réguliers pour certains ; mais également offre une opportunité pour des ruraux de  générer des revenus complémentaires en saison sèche leur permettant de soutenir la famille restée au village.

L’insertion des véhicules hippomobiles dans le tissu de transport en milieu urbain peut être perçue par certains comme source de nuisance et de problèmes dans la circulation mais, elle n’en demeure pas moins d’être un élément important pour l’accès à beaucoup d’usagers au service de transport de personnes et marchandises diverses pour accéder à des zones dans la ville qui ne sont pas couvertes par les véhicules motorisés ou qui coûterait trop cher si on faisait recours à ces derniers. Aussi, il serait judicieux que dans les politiques publiques, une prise en compte du transport hippomobile en milieu
urbain soit davantage considérée.

Serigne Makhtar Fall
 
 
 
Actu-Economie


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