BARRAGE HYDROELECTRIQUE DE MANANTALI : Crise énergétique majeure en vue

Lundi 12 Mai 2025

Après les dernières crues enregistrées sur le Fleuve Sénégal en 2024, c’est un autre « débordement » qui risque de « noyer » l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS). Une créance de 54 milliards de Fcfa qui pend au nez de SOGEM (Société de gestion de l’énergie de Manantali) et qui risque d’emporter dans les eaux, bon nombre de projets énergétiques régionaux, au-delà des pays qui partagent le Fleuve Sénégal.


Le barrage hydroélectrique de Manantali, infrastructure phare de coopération entre le Mali, le Sénégal et la Mauritanie sous l'égide de l'Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) et géré par la Société de gestion de l’énergie de Manantali (SOGEM), est actuellement confronté à une crise financière majeure, menaçant son fonctionnement et l'approvisionnement en électricité de la région.

Le Mali a accumulé une dette de plus de 94 millions de dollars (environ 55 milliards de FCFA) envers la SOGEM, qui n’en peut plus. Tellement plus que son Directeur général parle même d’une question de « Vie ou de mort » dans une correspondance adressée le 25 avril 2025 à son homologue malien. Cette dette s’est fortement accrue entre 2023 et 2024, principalement à cause de difficultés économiques et de retards de paiement de la part de la société Énergie du Mali (EDM-SA).

Le retard de paiement d’EDM-SA, qui elle-même est déficitaire, est l’un des principaux maillons faibles de la chaîne. La menace pèse ainsi sur le fonctionnement du barrage de Manantali qui risque l’arrêt partiel ou total de ses opérations, par manque de fonds pour la maintenance, l’achat de pièces, et le paiement des employés. Or, si la SOGEM cesse de fournir de l’électricité au Mali, les délestages déjà fréquents dans ce pays pourraient devenir encore plus graves dans plusieurs grandes villes maliennes.

Mais pas que… 

Les perturbations seraient régionales puisque le barrage alimente aussi le Sénégal et la Mauritanie. Opérationnel depuis 2002 avec une capacité de 200 mégawatts, Manantali fournit 40 % de son électricité au Mali, 30 % au Sénégal et 25 % à la Mauritanie. Une interruption de ses opérations pourrait donc aggraver les coupures d'électricité dans ces pays, affectant les ménages, les entreprises et les services essentiels.   

Ça urge et des solutions sont en cours de traitement notamment et la SOGEM appelle le Mali à honorer ses engagements « en urgence » ; des négociations sont en cours entre le Mali, les autres pays de l’OMVS (Sénégal, Mauritanie) et des partenaires techniques, pour trouver une solution financière transitoire. Certes EDM est en défaut et le cumul de ses arriérés est affolant. Mais en réalité, ce n’est que le barrage qui cache le Fleuve car, la véritable cause de la « Bérézina » financière de SOGEM, c’est la SOGEM, elle-même. Une révision du modèle de gouvernance et des mécanismes de recouvrement est d’ailleurs évoquée et ce sera le seul point à l’ordre du jour de la tenue prochaine de la 64 ème Session extraordinaire du Conseil des ministres de l’OMVS, prévue entre le 15 ou le 22 mai 2025 à Bamako, et qui portera sur la gouvernance au sein de la SOGEM.
Malick NDAW
Actu-Economie


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