ASSURANCE VIE AU SENEGAL : L’Etat s’approprie les enjeux

Vendredi 9 Mai 2025

La question de la souveraineté économique et sociale inscrite au cœur des réflexions de la première édition du Salon de l’Assurance Vie au Sénégal qui se tient à Dakar depuis ce jeudi 8 mai, a davantage « titillé » l’attention des autorités de l’État, qui veut considérer l’assurance vie non pas comme un produit de niche, mais bien comme un outil stratégique de transformation économique.


Le secteur des assurances est davantage attendu dans sa fonction d’investisseur institutionnel, dans le contexte actuel de contraintes budgétaires auxquelles l’Etat du Sénégal fait face, et qui        limitent sa capacité à financer ses projets. Le Directeur général du secteur financier Bamba KA, représentant le ministre des Finances et du Budget l’a particulièrement souligné ce jeudi 8 mai 2025, en ouvrant officiellement la première édition du Salon de l’Assurance Vie au Sénégal, placé « Au cœur de la souveraineté économique et sociale : un levier de transformation pour une Afrique », sous l’égide la Fédération sénégalaise des sociétés d’Assurances (FSSA).

Si ce rôle dévolu à l’assurance vie dans le développement économique, dépendra, selon Madame Oumou Niang Touré, présidente de la FSSA, « des actions prises par les autorités de tutelle à savoir la Conférence interafricaine des marchés d'assurance (Cima), la Direction des assurances, pour mettre à niveau le secteur, le renforcer et le dynamiser », l’État a un rôle fondamental à jouer pour stimuler son développement, la rendre accessible, et garantir qu’elle bénéficie à l’économie nationale.

A côté des outils classiques de collecte des ressources intérieures tels que les impôts et taxes, la mobilisation de l’épargne nationale constitue un levier  important sur lequel il faudra davantage compter pour le financement  des projets structurants. « C’est bien à ce niveau que le secteur des assurances, dans son rôle de collecteur d’épargne, est attendu à côté d’autres segments telle que  la diaspora      sénégalaise », ainsi que l’a indiqué le représentant du Ministre.

Outre la mobilisation de l’épargne collectée par les compagnies d’assurance pour financer les projets structurants (infrastructures, logement, éducation) et transformer l’épargne en financement utile à l’économie, l’État peut permettre aux assureurs, reconnus comme investisseurs institutionnels, d’acheter plus facilement des titres publics ou de participer à des fonds souverains.
 
  
Etat-Assureurs : mêmes préoccupations ?
 
La capacité des assureurs à mobiliser des ressources financières importantes en fait des partenaires naturels de l’État dans le financement de projets structurants. En tant qu’acteur économique à côté d’autres, l’État, comme l’a rappelé la présidente de la FSSA, a « la responsabilité de renforcer et faciliter l’accès aux produits d’assurance Vie ; instaurer une régulation plus adaptée ; adopter un dispositif fiscal attractif et encourager aussi les synergies entre les institutions ; renforcer le secteur en rendant obligatoire la domiciliation de l’Indemnité de fin de carrière (Ifc) dans les compagnies d’assurance vie et augmenter le nombre d’assurances obligatoires ». Ainsi pour rendre l’assurance vie attractive comme produit d’épargne à long terme, l’État a déjà consenti quelques efforts non négligeables notamment en exonérant certaines primes ou produits de taxes (comme c’est déjà le cas sur la taxe de 3 % au Sénégal) ; en rendant déductibles les cotisations des entreprises ou des particuliers ; offrant des avantages fiscaux différenciés pour les contrats à long terme (épargne-retraite, capitalisation…).
 
L’État semble partager ces préoccupations fiscales, si l’on en croit le représentant du ministre, qui rappelle aussi l’exonération des       primes d’assurance maladie, ainsi     que de la prime unique de rachat     du passif social de l’indemnité de Fin de Carrière. Cependant, l’État pourrait aussi agir en soutenant des produits accessibles, des campagnes de sensibilisation, et en intégrant l’assurance dans les politiques sociales et de développement local.

L’espoir semble en tout cas permis si l’on considère l’engagement exprimé par le représentant du ministre, qui assure « de la disponibilité de mes services compétents à échanger avec les professionnels des assurances sur... », dit-il, « le meilleur cadre fiscal non pénalisant pour le secteur. »

En mettant en avant le secteur de l’assurance comme acteur stratégique, l’État semble s’approprier les enjeux du secteur à travers son alignement avec les priorités nationales (transformation, souveraineté, inclusion) qui s’inscrit dans une vision ambitieuse du développement sénégalais. Mais cette action gagnerait à être complétée par des mesures concrètes, suivies d’actions visibles, pour renforcer sa portée, dans une dynamique de co-construction pour une croissance durable et harmonieuse du secteur.
Adou FAYE
Actu-Economie


Nouveau commentaire :

Actu-Economie | Entreprise & Secteurs | Dossiers | Grand-angle | Organisations sous-régionales | IDEE | L'expression du jour




En kiosque.














Inscription à la newsletter