APRES LES BANQUES : Le Maroc à la conquête du marché de l’assurance

Vendredi 19 Septembre 2014

L’offensive marocaine sur le secteur des assurances, après la banque, inquiète les acteurs de ce secteur. L’Etat, qui vient de valider l’agrément de deux sociétés du Royaume chérifien, dont l’une a un chiffre d’affaires trois fois plus grand que le marché national, est en train, selon les assureurs sénégalais, de créer les conditions d’un glissement de portefeuille, qui ferait bientôt d’eux des sinistrés.


Les compagnies d’assurance sénégalaises en sursis. Après avoir acquis la portion congrue du secteur bancaire sénégalais et bénéficier d’une grande assiette foncière pour des projets immobiliers à l’ancienne gare Pompiers et à Diamniadio, le secteur privé marocain fait cap sur le secteur de l’assurance. Deux compagnies marocaines viennent, en effet, d’obtenir leurs agréments pour opérer au Sénégal. Ce qui indigne la Fédération sénégalaise des sociétés d’assurances (Fssa) qui alerte contre les conséquences négatives d’une telle mesure sur le marché sénégalais. Lequel ne fait que 100 milliards de francs Cfa de chiffres d’affaires pour une vingtaine de compagnies déjà implantées. Hier, lors d’une rencontre avec le Conseil national du patronat sénégalais (Cnp) dont leur organisation est membre, les assureurs ont estimé que la situation du marché ne permet pas l’arrivée de ces compagnies dont l’une, Wafa-Assurances, appartiendrait au groupe AttijariWafa Bank, première banque du pays en termes de chiffre d’affaires. «Une de ses structures a elle seule fait trois fois le chiffre d’affaires du marché sénégalais et emploi le même nombre d’agents. Cela va entraîner la disparition de nos sociétés et ensuite ils vont fonctionner avec le tiers des agents», dit-il.
 Pour Mor Adj, président de la Fssa et ses collègues, l’Etat, qui a récemment accordé des agréments à des compagnies, devrait donner du temps à ces sociétés de se mettre en place avant de concourir avec les majors étrangers. «On est face à une concurrence illégale. Si on regarde ce qui se passe dans le secteur bancaire, cela nous fait peur. Un Etat comme le nôtre ne peut pas laisser à une entreprise étrangère 50 à 60 % de son secteur bancaire. C’est un problème de sécurité nationale. Aujourd’hui, la Cima exige le paiement au comptant des primes et les marocains ont l’outil bancaire qui leur permet de faire des crédits sur 6 à 10 mois à leurs clients sans intérêts. La banque va se positionner comme rapporteur d’affaires et sera rémunérée en commission d’agence comme nous payons aux courtiers. Cela créerait un glissement de portefeuille», avertit le président Fssa. Qui estime que si ces sociétés commencent à exercer, elles vont étouffer toutes les compagnies. Car, dit-il, la concurrence avec certains majors est très difficile. «S’ils démarrent leurs activités, cela va être très difficile pour nous. Ce qui nous intéresse c’est que nos sociétés soient préservées. Quand ils disent aux autorités qu’il crée de nouveaux produits, ils racontent des histoires. Ils vont faire ce que nous faisons et nous prendre nos affaires», dit M. Adj. Non sans attirer l’attention des autorités sur la légalité d’un projet. Parce que, dit-il, la commission bancaire interdit aux banques de prendre des participations supérieures à 30 % dans une société pour éviter une concurrence malsaine.
Dénonçant cette décision politique à conséquence néfaste sur le secteur des assurances, Baïdy Agne, le président du Cnp, qui a longtemps défendu la préférence nationale, demande aux entreprises nationales d’avoir une réflexion proactive dans tous les secteurs et non de subir. «Les gens ne bougent que lorsque leur secteur est touché. Nous manquons de solidarité interne», dit-il. «Nous avons l’Etat le plus défaillant dans la protection de ses entreprises», ajoute M. Agne.
http://www.walf-groupe.com  
 
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