Hausse des taux directeurs en zone CEMAC: la conjoncture donne raison au comité de politique monétaire de la BEAC

Mardi 20 Novembre 2018

Au sein de CEMAC, qui vit un assèchement des liquidités au sein de différentes chaînes de valeur économiques, la récente décision prise par le Comité de Politique Monétaire de la BEAC (Banque centrale de la CEMAC) d’augmenter ses taux d’intervention à 3,50% avait de quoi surprendre plus d'un observateur.


Mais les évolutions de la conjoncture internationale semblent progressivement lui donner raison. Selon des analystes du groupe bancaire sud-africain Barclays Africa cités par Bloomberg, plusieurs banques centrales majeures d'Afrique, notamment de la partie subsaharienne, risque de suivre la même tendance.

De leurs points de vue, la baisse des prix du baril de pétrole couplée avec une autre hausse future des taux de la banque centrale américaine (Federal Reserve) aura plusieurs effets interconnectés.
D'une part, un pétrole plus bas entraînera une baisse des revenus en devises. Or une hausse des taux du dollar américain viendra ajouter plus de pressions sur les monnaies locales africaines.

Plusieurs canaux de transmission existent sur ce dernier point. Il y a le déficit commercial et extérieur structurel des pays de la sous-région, qui importent plus qu'ils n'exportent. Avec moins de revenus issues des matières premières, les capitaux étrangers entrant se feront plus faible, car les rendements seront aussi en recul.

Enfin, il y a la dette internationale des principaux pays africains qui a atteint des grandes proportions. Dans une récente analyse publiée par l'Agence Moody's, il ressort, que la situation de l'Afrique est d'autant plus accentuée du fait de l'importante dette chinoise, dont le manque de transparence rend les investisseurs obligataires occidentaux plutôt méfiants vis-à-vis du continent noir.

Au regard d’un tel contexte, la compétition des devises d'Afrique subsaharienne pour les monnaies internationales comme le Dollar américain ou encore l'Euro se pointe à l’horizon, et de ce fait, ses banques centrales pourraient être contraintes de rehausser leurs taux pour éviter de grosses inflations monétaires.

La situation en Afrique de l'ouest francophone (UEMOA) sera à suivre. Techniquement, la couverture extérieure du franc CFA qui y est utilisé semble plutôt solide et le niveau d'inflation y reste bien plus faible qu'en zone CEMAC. Pour l'instant, il n'est pas possible de savoir si la BCEAO suivra la même stratégie que sa consœur, la BEAC.

Agenceecofin
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