Ndongo Samba SYLLA chercheur à la fondation Rosa Luxemburg « L’alternance prônée au Sénégal n’est qu’un nom ».

Lundi 6 Juillet 2015

Dans cet entretien avec lejecos.com M. Ndongo Samba SYLLA Chargé de recherche et de programme à la Fondation Rosa Luxemburg se prononce sur le Plan Sénégal émergent, les raisons de la fin du capitalisme et ses implications pour l’Afrique.


M. Ndongo Samba SYLLA Chargé de recherche et de programme à la Fondation Rosa Luxemburg
M. Ndongo Samba SYLLA Chargé de recherche et de programme à la Fondation Rosa Luxemburg
Pourquoi, selon vous le capitalisme est dans sa phase terminale ?
Tout système à une espérance de vie limitée. Il y a des chercheurs qui ont travaillé depuis longtemps sur le capitalisme et ils en sont arrivés à la conclusion que ce système est dans sa phase terminale. Le capitalisme est un système qui repose sur l’accumulation sans fin du capital. Cela veut dire que les plus riches doivent toujours continuer à s’enrichir. Les auteurs qui ont fait des recherches sur ce système disent qu’on est arrivé à un point où, il y aura de moins en moins d’opportunités pour créer des profits. Et lorsque ces opportunités vont se tarir le système va s’effondrer avec.
Quelle sont les implications de la crise du capitalisme pour l’Afrique ?
Les implications pour les pays africains, c’est de dire que cette crise est perceptible. L’Afrique est en crise depuis 500 ans. Actuellement, nous sommes dans une période assez euphorique parce que nous avons des taux de croissance importants. Mais ce taux de croissance ne veut pas dire que nous allons rattraper les pays riches ou bien que nous allons donner un nouveau souffle au capitalisme. Ce qui va se passer, si on continue avec les mêmes politiques, c’est que effectivement nous pouvons avoir des taux de croissance importants et parfois certaines récessions, mais les jeunes ne vont pas avoir des emplois et à l’horizon, il y a le changement climatique qui nous guette. Ces phénomènes nous demandent une rupture civilisationnelle. C’est là tout le défi. Mais tant qu’on n’a pas cette même perception de la crise qui est imminente, les gens restent dans les mêmes politiques. Alors que voyez-vous dans le domaine du changement climatique, des experts nous disent de faire attention car vers l’an 2100, il peut y avoir des choses catastrophiques. Donc il est temps de changer. C’est la même chose que nous disons en économie avec le système capitaliste.
Comment voyez-vous le Plan Sénégal émergent (PSE) avec la crise du système capitaliste ?
L’émergence n’est qu’un nom. Les taux de croissances actuels, c’est parce qu’on est sur une période relativement favorable. Ces taux de croissance n’ont même pas été structurés par une politique visionnaire. Ce qui va se passer c’est qu’on pourra avoir de beaux chiffres, mais on ne pourra pas régler les problèmes sociaux et socio-économiques comme par exemple l’emploi des jeunes. La rupture est beaucoup plus profonde. Mais on est toujours dans les mêmes paradigmes. L’Afrique croit sur le même modèle que celui qui s’est passé hier en Europe et en Asie. D’autres voies sont possibles. Il faudrait les prendre si on veut vivre en toute harmonie et dans la dignité.
Il faut un autre modèle où c’est l’homme qui est au centre des processus productifs et où ce n’est pas la valeur d’échange ou le profit qui compte, mais, l’échange pour satisfaire les besoins humains.
Entretien réalisé par El Hadj Diakhaté
 
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