La libération

Mardi 26 Janvier 2021

Aujourd’hui libérés du règne désastreux de Donald Trump, nous ne devons pas oublier que sa présidence a représenté la politique brute du suprématisme blanc aux États-Unis. Le discours de Trump a souvent rappelé celui d’un gouverneur ségrégationniste du sud dans les années 1960, puis, après sa défaite à l’élection de 2020, celui d’un sénateur sécessionniste à la veille de la guerre civile de 1861. Pour consolider la victoire sur la politique destructrice de Trump, nous devons surmonter le racisme qui l’a porté jusqu’au pouvoir. Ce défi urgent ne concerne d’ailleurs pas seulement les États-Unis, mais également de nombreuses sociétés multiethniques à travers le monde.


Un segment de la société américaine composé de Blancs, seniors, non diplômés, habitants des banlieues et campagnes du sud et de l’ouest, ainsi que de chrétiens évangéliques, s’est laissé séduire par l’idée proposée par Trump selon laquelle ils pourraient renouer avec le passé raciste de l’Amérique. Les électeurs de cette catégorie, à savoir 20 à 25 % des Américains adultes, sont devenus d’ardents partisans de Trump à l’approche de l’élection de 2016. Cette base s’est révélée suffisamment large pour permettre à Trump de prendre les rennes du Parti républicain, puis de décrocher la victoire auprès du collège électoral, après avoir pourtant perdu le vote populaire d’une marge de trois millions de voix.

Mais la victoire de Trump en 2016 repose également sur d’autres aberrations dans la politique aux États-Unis. Si une proportion élevée d’Américains avait voté, comme dans les pays au sein desquels l’inscription sur les listes électorales est automatique, et le vote encouragé voire obligatoire, Trump serait passé très loin de la victoire en 2016. Seulement voilà, les obstacles au vote pour les Afro-Américains, les plus démunis, et les jeunes, constituent une caractéristique de longue date de la politique aux États-Unis, dont l’objectif principal consiste à maintenir la suprématie politique et économique des Blancs les plus fortunés. En quelques mots, l’objectif consiste à favoriser la victoire de candidats tels que Trump.

La politique grossière de Trump a révélé la persistance de l’attrait raciste suscité chez les Blancs évangéliques d’un certain âge, ainsi que chez certains électeurs jeunes, comme ceux qui ont pris d’assaut le Capitole le 6 janvier, et menacé de lyncher le vice-président Mike Pence pour ne pas avoir empêché la certification de la victoire de Joe Biden devant le collège électoral. Les commentateurs ont trop rarement insisté sur la continuité qui existe entre la nostalgie raciste de Trump et les politiques similaires observées sous Ronald Reagan, qui avait formulé un slogan quasi-identique – « Let’s Make America Great Again » – avec précisément les mêmes finalités.

Si la politique raciste ne constitue pas un problème exclusivement américain, elle est un trait caractéristique d’une Amérique à l’origine société esclavagiste. Le style politique de Trump trouve des équivalents dans d’autres pays multiethniques au sein desquels le racisme façonne les structures de pouvoir.

Songez au Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, lui aussi politicien corrompu et manipulateur. Netanyahou est parvenu à maintenir son emprise sur le pouvoir en dénigrant les Arabes israéliens, ainsi qu’en refusant au peuple palestinien la justice la plus essentielle. Les évangéliques blancs américains éprouvent de profondes affinités avec la droite israélienne, à l’instar d’un Trump et d’un Netanyahou qui partagent les mêmes politiques d’exclusion.

Songez au président brésilien Jair Bolsonaro, sorte de « Trump des tropiques ». Ici à nouveau, la proximité avec Trump va au-delà du style et du tempérament. Les groupes évangéliques blancs américains ont vu en Bolsonaro l’un des leurs, et ont œuvré activement pour sa victoire. Bolsonaro gouverne désormais en s’attaquant à la culture afro-brésilienne ainsi qu’aux populations indigènes du Brésil.

Songez encore à l’étroite relation entre Trump et le président russe Vladimir Poutine. Certains affirment que Trump disposerait d’un kompromat (c’est-à-dire d’informations compromettantes) sur Trump. D’autres parlent d’intérêts financiers communs. Un autre aspect réside tout simplement dans des affinités politiques évidentes. L’un des principaux ingrédients de la réussite de Poutine consiste à rappeler aux Russes de souche qu’ils sont les seuls vrais leaders de la société multiethnique du pays. Les étreintes politiques de Poutine avec l’orthodoxie russe ont pour reflet miroir celles de Trump avec l’évangélisme blanc.

Le Premier ministre indien Narendra Modi est lui aussi un fervent admirateur de Trump, les deux ayant généreusement fait l’éloge l’un de l’autre lors de la visite de Trump en Inde en 2020. Ici encore, la base électorale de Modi se compose de nationalistes hindous de droite, qui prônent la haine contre une population musulmane minoritaire dans le pays. Si l’occupation militaire d’un Cachemire à majorité musulmane par le gouvernement Modi en 2019 a peu perturbé la communauté internationale, elle offre un exemple clair de répression ethnique violente menée à des fins politiques nationales.

Un chauvinisme ethnique s’observe hélas dans la quasi-totalité des sociétés multiethniques. Ce n’est pas un hasard si Trump a salué la répression menée par la Chine  contre une population ouïghoure principalement musulmane dans la province du Xinjiang. De même, l’expulsion violente de la population musulmane rohingya hors de Birmanie a suscité très peu de réactions dans l’administration Trump.
S’il est une constante dans la politique raciste à travers le monde, c’est bien la persécution quasi-systématique des populations indigènes. Partout dans le monde, ces peuples sont privés de leurs terres, contraints à la servitude, poussés vers la pauvreté par des colons tout juste installés, voire tués. Or, cette dépossession n’a jamais suffi aux peuples conquérants. En plus d’infliger des souffrances, voire un génocide, les conquérants ont toujours reproché leurs propres maux aux peuples indigènes, en les qualifiant d’êtres paresseux, peu dignes de confiance, et dangereux, alors même que les terres de ces derniers leur étaient dérobées.

Mais il y a également de bonnes nouvelles. La défaite de Trump, et l’opprobre public très puissant adressé par les Américains aux assaillants du Capitole, ont pour enseignement notre capacité à nous élever au-dessus de nos pires instincts, préjugés et peurs. Les racistes blancs d’Amérique perdent de l’emprise sur le pouvoir, et ils le savent. Les temps évoluent réellement. Le peuple américain a voté le départ de Trump. La veille de l’insurrection, les électeurs de Géorgie élisaient un sénateur afro-américain et un sénateur juif à la tête d’un État perdu par deux candidats pro-Trump.

La défaite de Trump offre ainsi l’opportunité d’un nouveau départ, non seulement pour une société américaine profondément blessée, mais également pour les sociétés multiethniques divisées du monde entier. Nulle part ne saurait être justifiée une gouvernance fondée sur la haine raciale et le chauvinisme ethnique. Dans l’ère post-Trump, partout dans le monde, les gouvernements doivent en finir avec les semeurs de haine.

Le monde doit également se remémorer son histoire s’il entend aller de l’avant. En 1948, au lendemain des atrocités de la Seconde guerre mondiale, tous les États membres des Nations Unies adoptaient la Déclaration universelle des droits de l’homme. Ce texte magnifique repose sur le principe d’une dignité humaine universelle, « sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation ».

Cette déclaration universelle doit rester notre étoile polaire. Nous célèbrerons son 75e anniversaire en 2023, et nous avons le pouvoir de dire non aux partisans de la haine, de la démagogie et de la division. Trump laisse derrière lui une Amérique en lambeaux, avec 400 000 morts du COVID-19, et des partisans auxquels il explique qu’ils peuvent se passer du masque. Maintenant que nous avons préféré nous passer de Trump, nous pouvons commencer à travailler sur l’éradication de la pandémie, et sur la guérison de nos sociétés profondément divisées.
Traduit de l’anglais par Martin Morel
Jeffrey D. Sachs est professeur de développement durable, ainsi que professeur en politique et gestion de la santé à l'Université de Columbia. Il est également directeur du Centre de Columbia pour le développement durable, et directeur du Réseau des solutions pour le développement durable auprès des Nations Unies.
© Project Syndicate 1995–2021
 
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1.Posté par MAITRE DEDO le 27/01/2021 18:15
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