Grandeurs et misères de l’après COP

Samedi 13 Février 2016

Revers pour Obama sur son Clean Power Plan, guéguerre française entre Royal et Fabius pour la présidence de la COP jusqu'en novembre…le chemin vers la ratification de l’Accord de Paris, prévu le 22 avril prochain à l’ONU lors de la Journée de la Terre, est semé d'embûches.


Grandeurs et misères de l’après COP
 Pour les observateurs des négociations sur le climat, le revers infligé mardi au président Obama par la Cour Suprême américaine, qui a décidé de suspendre le Clean Power Plan (CPP), pièce maîtresse de sa politique climatique, a un (mauvais) goût de déjà vu. Il rappelle en effet le souvenir funeste de la non ratification par les Etats-Unis du protocole de Kyoto, qu'ils avaient pourtant signé lors de la COP de 1997.
Mais, au-delà de la Maison Blanche, nombreux sont les observateurs pour qui cela ne remettra pas en cause les engagements pris par le président américain lors de la COP 21. Certes, le Clean Power Plan, qui doit permettre de diviser par trois les émissions des centrales à charbon d'ici à 2030, est un levier essentiel des engagements américains, qui consistent à réduire les émissions nationales de 26% à 28% entre 2005 et 2025. Mais d'aucuns jugent que d'autres éléments récents de la réglementation américaine, notamment la prolongation du crédit d'impôt pour les énergies renouvelables décidée en décembre, pèsent tout autant dans la capacité des Etats-Unis de respecter leurs objectifs.

Les grands électriciens américains maintiennent leurs plans de transition

D'ailleurs, plusieurs Etats américains, Californie et New York en tête, ont affirmé que cette décision ne modifierait en rien leurs projets et qu'ils continueraient à dérouler leur plan pour se mettre en conformité avec le Clean Power Plan, à savoir la réduction d'un tiers des émissions des centrales à charbon à l'horizon 2030. D'autres, au contraire, dont bien sûr les 27 qui ont attaqué le CCP, ont décidé d'interrompre leurs actions jusqu'à ce que la Cour Suprême rende son verdict définitif, ce qui a peu de chances d'arriver avant que Barack Obama quitte la maison Blanche en janvier 2017. D'autres encore continueront de poursuivre les mêmes objectifs mais s'octroient la liberté d'en choisir les moyens...
A l'international, de la Commission européenne au ministère français de l'Ecologie (et, depuis jeudi soir, du climat), on se montre confiant dans la perspective du 22 avril. C'est ce jour-là en effet que les 195 pays signataires de l'Accord de Paris doivent le ratifier lors d'une cérémonie à l'Onu. Ou, à tout le moins, au moins 55 d'entre eux, représentant au moins 55% des émissions mondiales de gaz à effet de serre...
Le fait qu'Obama ait joué un rôle majeur dans la COP21, en annonçant parmi les premiers sa venue à Paris puis en affichant des ambitions communes avec la Chine, est à double tranchant dans la situation actuelle. Certains lui font d'autant plus confiance pour trouver une issue positive, tandis que d'autres redoutent sans trop le dire que ce blocage n'en entraîne d'autres dans son sillage. Mais de l'avis des experts, la Chine, qui a pourtant montré dans un passé récent sa volonté de faire jeu égal avec les Etats-Unis sur le front du climat, ne changera pas ses plans pour autant. A cela, une explication bien simple : elle y trouve son intérêt sur le plan politique et économique.
Même son de cloche du côté des énergéticiens américains. Certes, dans un premier temps, la décision de la Cour Suprême a fait bondir les cours de Bourse du secteur charbonnier. Mais la plupart des grands électriciens ont réaffirmé que cela ne les ferait pas dévier de la transition qu'ils ont déjà entamée vers plus de gaz et de renouvelables au détriment du charbon. Si les banques de Wall Street ont récemment décidé d'investir des milliards de dollars dans les énergies vertes, elles l'ont fait pourdes raisons plus économiques et financières que réglementaires.

Ségolène Royal reçoit ses homologues européens...et lorgne la présidence de la COP

C'est d'ailleurs ce qu'a rappelé Ségolène Royal vendredi matin, en marge d'une réunion à laquelle elle avait invité ses homologues européens en amont du Conseil européen de l'Environnement du 4 mars prochain. A l'ordre du jour de cette réunion, organisée conjointement avec les Pays-Bas qui exercent actuellement la présidence de l'UE : la mise en œuvre de l'Agenda des Solutions, ces initiatives des collectivités et entreprises rassemblées en 70 coalitions, où, selon la ministre, la France joue un rôle de premier plan. Ce vendredi à Paris, il a surtout été question de la tarification du CO2, des transports propres, de l'économie circulaire et de la nécessité de mobiliser le plus grand nombre possible de chefs d'Etats et de gouvernements le 22 avril.
Une question était sur toutes les lèvres au lendemain du remaniement ministériel français. Qui, de Laurent Fabius ou de Ségolène Royal, exerce aujourd'hui la présidence de la COP ? Le premier martèle depuis plusieurs semaines qu'il conservera cette « fonction  internationale, personnelle et non-rémunérée »et cette « position bénévole qui n'a pas d'incidence ou de contradiction avec le gouvernement ».  Mais la seconde, qui a bien veillé à ce que les « relations internationales sur le climat »figurent dans son nouveau périmètre et a annoncé dans la foulée reprendre « la totalité de l'application de l'accord de la COP21» se pose publiquement des questions sur la compatibilité de cette fonction avec celle de Président du Conseil Constitutionnel à laquelle Laurent Fabius vient d'être nommé.
« J'attends que les décisions soient prises, je ne demande rien, j'attends qu'on me dise exactement comment cela va se passer »,
a-t-elle affirmé, précisant que les Commissions des deux Assemblées - qui vont auditionner M.Fabius - tout comme l'actuel Président du Conseil Constitutionnel, Jean-Louis Debré, devraient pouvoir apporter des réponses.
« Il faut clarifier les règles du jeu (...) pour que nos homologues à l'échelle planétaire puissent être au clair sur les procédures qui seront suivies »,
a-t-elle conclu. Un tantinet moins déterminant, sans doute, que les conséquences potentielles du revers subi par le président américain...
 latribune.fr
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