Développement : Les recettes de Philippe Orliange, directeur de la Stratégie, des Partenariats et de la Communication de l’AFD

Lundi 13 Juillet 2015

A l’approche de la conférence d’Addis Abeba sur comment financer le développement, Philippe Orliange, directeur de la Stratégie, des Partenariats et de la Communication de l’AFD a livré ses convictions sur la question.


Philippe Orliange, directeur de la Stratégie, des Partenariats et de la Communication de l’AFD
Philippe Orliange, directeur de la Stratégie, des Partenariats et de la Communication de l’AFD
La troisième conférence internationale sur le financement du développement qui se tiendra à Addis Abeba du 13 au 16 juillet sera l’occasion pour Philippe Orliange, directeur de la Stratégie, des Partenariats et de la Communication de l’AFD de donner son point vue sur les voies et moyens pour tenter de répondre à une question, en apparence simple, «comment financer le développement?». En effet, si l'Aide publique au développement (APD) constitue une source de financement importante, ses 134 milliards de dollars par an ne suffiront pas à faire face à des besoins qui se chiffrent par trillions.
Pour démultiplier les effets de l’APD, il convient selon Phillipe Orliange, de la concevoir et de l’utiliser comme un système d’incitation qui donne des raisons rationnelles aux acteurs locaux de mobiliser des ressources domestiques pour le développement durable. Lorsque des agences d’aide au développement financent directement des projets, cela peut avoir un effet d’éviction sur les acteurs financiers locaux, or sans développement et renforcement du tissu bancaire local, pas de financement pérenne de l’économie.
Dans les pays en développement, et même dans les Pays les Moins Avancés (PMA), fait-il savoir, le prêt direct d’un bailleur international à une collectivité locale crée un signal positif vis-à-vis du marché et rend possible un véritable effet de levier dans le temps. Le bailleur prend un risque que le marché n’est pas encore prêt à prendre et son financement peut susciter d’autres financements de bailleurs internationaux et de banques commerciales domestiques, voire permettre des accès directs aux marchés financiers.

Par exemple, souligne-t-il, l’AFD a accordé en 2009 un prêt de 10 M€ à la ville de Dakar à des conditions très concessionnelles pour financer le doublement de son parc d’éclairage public. Par la suite, la Banque Islamique du Sénégal (BIS) a accordé deux prêts à la ville en 2011 (3 M€) et 2012 (5 M€), ce qui constituait une première pour une banque commerciale. Elle a été suivie par la Banque Ouest Africaine de Développement(BOAD) qui a financé, toujours sur prêt direct à la ville de Dakar (15 M€). Dakar a ensuite lancé l’idée d’une émission obligataire et a suscité l’intérêt de la Fondation Gates qui lui a apporté 5 millions $ pour l’aider à se préparer et à structurer cette éventuelle émission obligataire.
Pour faciliter la mobilisation de financements vers les pays en développement, une pratique relativement innovante qui s’est beaucoup développée au cours de ces dernières années consiste à combiner, selon diverses modalités, des subventions et des prêts. La subvention agit à plusieurs niveaux. Elle peut permettre de diminuer le taux d’intérêt de l’emprunt et de rendre ainsi l’opération possible financièrement, d’améliorer la qualité et la durabilité des projets en finançant un accompagnement technique et un renforcement de capacités du partenaire ou encore d’étendre le champ du bénéfice d’une opération, en finançant par exemple sur subvention le raccordement à un réseau électrique de foyers à faibles revenus.
 
Pathé TOURE
 
Economie

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