Couverture des risques pétroliers et gaziers : Le pool, le bon filon des assureurs sénégalais

Lundi 25 Septembre 2023

Comptant bien profiter de la manne financière générée par l’exploitation du pétrole et du gaz, les assureurs sénégalais ont créé un pool de coassurance de souscription et de gestion des risques. Ainsi, ils ont décroché Woodside pour la couverture assurantielle de ses installations au Sénégal. Un succès qui leur permet d’entrevoir l’avenir avec optimisme et de voir grand.


Couverture des risques pétroliers et gaziers :  Le pool, le bon filon des assureurs sénégalais
« Malgré ses atouts, le marché sénégalais des assurances, du fait de la petite taille de ses intervenants et de son organisation, sans solidarité systématique face aux très grands risques, a souffert du pouvoir de négociation très fort des investisseurs directs qui ont souvent réussi à importer avec leurs équipements, leurs propres assureurs de risques localisés au Sénégal, en violation de la loi »,  constate   Mouhamadou Moustapha Noba, ancien président de la Fédération Sénégalaise des Sociétés d’Assurances (FSSA). Jusqu’à un passé récent, ce constat implacable reflétait la réalité du marché sénégalais des assurances. Pour mieux tirer profit des retombées économiques liées de l’exploitation de cette ressource, un pool de coassurance de souscription et de gestion des risques pétroliers et gaziers a été créé le 30 août 2018. Le pool permet un partage des risques en faisant supporter à chaque compagnie, une partie proportionnelle à ses capacités.  

Sa création est encouragée par l’Etat sénégalais à travers la loi sur le contenu local, qui aménage des espaces aux acteurs locaux et leur permet de capter une part des primes. En effet, le pool issu d’une concertation et de volontés nationales propose désormais une offre globale sur le marché, axée sur la synergie et l’efficacité inter-acteurs. La coordination du pool est assurée par la Société d’assurance Sénégalaise de la Réassurance (SENRE). Mais chaque compagnie d’assurance à l’obligation de céder 6,5 % de son chiffre d’affaires à la société d’assurance sénégalaise de la réassurance (SENRE) et 10 % en facultative à l’étranger. La réassurance est une technique de mutualisation verticale par laquelle une société d’assurance partage les risques et les engagements qu’elle souscrit en les cédant à une société dite de réassurance.  Par ce mécanisme, les assureurs se protègent contre les conséquences financières de sinistres plus fréquents ou de très forte amplitude. Le support que le réassureur apporte à l’assureur permet à ce dernier de réduire la volatilité de ses résultats et ses besoins en fonds propres.  

D’après Mamadou Faye, le président de l’Institut national des actuaires du Sénégal, la création dudit pool découle des leçons apprises d’autres pays africains producteurs de pétrole, où les compagnies d’assurances nationales n’ont pas profité de cette ressource qui génère des milliards de primes. « Au Congo Brazzaville, au Gabon, au Cameroun, une seule compagnie avait les risques pétroliers. Ces compagnies se sont retrouvées dans des difficultés qui ont compromis leur solvabilité parce que la couverture des risques pétroliers n’obéissait pas à une règle qui permettait à la compagnie d’assurance de garder les primes », explique-t-il. « Un risque pétrolier porte sur plusieurs milliards et au regard de la taille des compagnies d’assurance, celles-ci prises individuellement ne peuvent pas couvrir les charges en cas de sinistre. Ce qui fait que le risque pétrolier souscrit était rétrocédé à 100 % à une compagnie de réassurance qui se trouvait souvent dans un pays développé », ajoute le président de l’institut national des actuaires du Sénégal. « Généralement, cette rétrocession est décidée par les dirigeants des compagnies pétrolières. Ainsi, lorsqu’un sinistre survient qui porte sur des milliards, le temps que le réassureur réagisse, la compagnie locale a des difficultés pour honorer ses engagements ; ce qui pousse l’autorité de tutelle à demander une recapitalisation », poursuit Mamadou Faye. Conséquence ! Les primes ne restent pas dans le pays.
En 1988, la création de la SEN-RE par les autorités en partenariat avec les sociétés d’assurances agréées répondait à ce souci de mettre en place des mécanismes aptes à favoriser la rétention des primes d’assurances au plan local, en vue de réduire les sorties de devises et le déséquilibre de la balance commerciale. Sa mission principale consiste à accompagner les sociétés d’assurances locales en mettant à leur disposition des capacités de souscription additionnelles, pour leur permettre de mieux sécuriser leurs engagements, tout en minimisant le recours à des partenaires extérieurs. Dans le cadre de cette mission, l’Etat a institué des cessions de primes obligatoires au profit de la SEN-RE.

Au Sénégal, le pool a engrangé des résultats intéressants. Par le biais de la Société Nationale d'Assurances Mutuelles (Sonam), les acteurs de l’assurance et de la réassurance ont pu décrocher Woodside pour la couverture assurantielle de ses installations au Sénégal. Ce qui tranche avec l’époque où les assureurs sénégalais étaient souvent écartés des grands projets au profit des multinationales de l’assurance. Grâce à ce pool, elles (les compagnies d’assurances sénégalaises) peuvent entrevoir l’avenir avec optimisme et voir grand, en se lançant à l’assaut de nouveaux marchés. La seule fausse note réside dans le fait qu’une société d’assurance a décidé de faire cavalier seul. 
Adou FAYE
 
Assurance


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