BNP Paribas tourne la page de son amende américaine

Samedi 1 Août 2015

La banque a dégagé un bénéfice net de 2,6 milliards d’euros au deuxième trimestre, contre une perte de 4,2 milliards un an plus tôt, liée à l’amende de 6 milliards infligée par les autorités américaines.


BNP Paribas tourne la page de son amende américaine
C'est un euphémisme de dire que BNP Paribas s'est relevée de sa colossale amende américaine. Vendredi 31 juillet, la banque française a publié un bénéfice net de 2,6 milliards d'euros, au titre du deuxième trimestre. Un chiffre qui tranche avec la perte de 4,2 milliards d'euros accusée un an plus tôt, du fait de l'amende de 6 milliards infligée en juin 2014 à la banque par les autorités américaines, pour non-respect d'embargos économiques. Avec ce bénéfice de 2,6 milliards d'euros, BNP Paribas s'offre en outre le luxe d'afficher son meilleur résultat depuis le premier trimestre 2012, lequel s'était soldé par un profit de 2,9 milliards.
Même en dehors des éléments exceptionnels que constituent l'amende et la plus-value de cession de 364 millions d'euros enregistrée au deuxième trimestre 2015 grâce à la cession de 7% de Klépierre, BNP Paribas voit son bénéfice net grimper de 13,7%, à 2,3 milliards d'euros. Un bénéfice qui permet un nouveau renforcement de la solvabilité du groupe, son ratio de fonds propres "durs" (capital et résultats mis en réserve, rapportés aux crédits consentis) s'élevant à 10,6% au 30 juin, en hausse de 0,3 point par rapport au 31 mars 2015.

Reprise progressive de la croissance en Europe

Ces performances résultent d'abord d'une progression de 15,8% du produit net bancaire (PNB, l'équivalent du chiffre d'affaires), à 11 milliards d'euros, une évolution à la hausse qui vaut pour les trois grands pôles d'activité du groupe. A commencer par la banque de détail en France, en Italie, en Belgique et au Luxembourg, dont le PNB a crû de 2,7%, tiré par une augmentation de 1,5% des crédits, sur fond de reprise progressive de la croissance en Europe. Une reprise également à l'origine d'un rebond du crédit à la consommation dans la zone euro, ce qui, couplé à des acquisitions ciblées comme celle de la banque polonaise BGZ et de 50% de Laser Cofinoga, a dopé les revenus du deuxième pôle d'activité, les services financiers internationaux (+20,7%).
Le troisième pôle, la banque de financement et d'investissement (BFI), n'est pas en reste, avec un PNB en progression de 15,6%, porté, entre autres, par la bonne tenue des marchés actions. La BFI est d'ailleurs le métier qui affiche ce trimestre le plus grand écart (positif) entre l'évolution de ses revenus et celle de ses frais de gestion. "Les résultats de ce pôle sont absolument excellents, il est très rentable, plus que chez un certain nombre de concurrents", a insisté Philippe Bordenave, directeur général délégué de BNP Paribas. Pourtant, la banque plancherait sur un plan de réduction de 20% des coûts de la BFI, d'ici à 2019, selon l'agence Bloomberg.
"Nous avons déjà fait des choses et cela va très bien. Mais ce métier change beaucoup avec les nouvelles réglementations, il nous faut donc aller encore plus loin, réduire les coûts partout où c'est possible", a reconnu Philippe Bordenave.
"La BFI va continuer à s'adapter, nous ferons un point sur ce sujet dans six mois environ", a complété Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas.

Un plan stratégique en bonne voie

Pour l'heure, le patron de BNP Paribas est concentré sur l'exécution de son plan stratégique 2014/2016, qui doit voir la banque dégager une rentabilité des fonds propres (ROE) de 10% l'an prochain. Un objectif "en bonne voie d'être atteint", le groupe affichant déjà un ROE (hors éléments exceptionnels) de 10,1% au 30 juin 2015, a souligné Jean-Laurent Bonnafé. Ces propos ont entraîné un bond de 3,6% du cours de Bourse de BNP Paribas au cours de la séance de vendredi, les investisseurs étant rassurés sur la capacité du groupe à tenir les promesses de son plan stratégique, malgré l'environnement de taux très bas qui pèse sur les marges d'intermédiation des banques.
BNP Paribas a beau se tourner résolument vers l'avenir, l'amende américaine ne se résume pas à un lointain souvenir dans son organisation. Les autorités américaines avaient en effet obtenu le départ de 13 collaborateurs de BNP Paribas, dont cinq hauts dirigeants : Georges Chodron de Courcel, l'un des trois directeurs généraux délégués, Vivien Lévy-Garboua, conseiller du comité exécutif, Christopher Marks, responsable des activités de marché sur les titres de dette, Dominique Remy, responsable mondial des financements structurés pour la BFI, et Stephen Strombelline, responsable de l'éthique et de la conformité pour l'Amérique du Nord.

Renforcement des procédures de contrôle

La banque s'était également engagée auprès des autorités américaines à mettre en place un plan de remédiation. Une mise en place qui se poursuit, et qui a déjà vu la création d'un nouveau département, baptisé "Sécurité financière groupe aux Etats-Unis." Basé à New York, il compte 46 personnes et effectuera neuf missions de contrôle sur site en 2015. Outre-Atlantique toujours, c'est la succursale de BNP Paribas à New York qui sera, à terme, chargée du traitement et du contrôle de la totalité des flux en dollars du groupe. Les flux dans la devise américaine de 106 entités de BNP Paribas sont d'ores et déjà traités par la succursale de New York.
Parallèlement à ce plan de remédiation, le groupe a décidé de renforcer ses procédures en matière de contrôle et de conformité, avec, notamment, 450 recrutements depuis le début de l'année, et une augmentation des contrôles de l'inspection générale, cette fonction d'élite qui mène souvent aux plus hauts postes dans les banques. Celle-ci dispose d'une nouvelle équipe spécialisée dans les sujets de conformité et de sécurité financière, qui comprenait 16 inspecteurs à la fin juin et avait déjà audité 25 entités.
Latribune.fr
Finances & Banques


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